Esampillés héros musicaux chiliens, Chico Trujillo a littéralement embrasé l’Amérique du Sud avec sa cumbia chilombiana à la jovialité contagieuse. Arrosant la cumbia colombienne à grands traits de rock, de ska, de folk et de punk (!), la pimentant de boléros ou de romances enflammées, le combo de Valparaiso offre une fusion énergisante aux échos tropicaux et aux mélodies qui font mouche. Ses prestations scéniques vacillent alors entre concerts torrides et bal latino atemporel, dans une orgie cuivresque insatiable. Un cocktail (explosif et festif) à savourer à haute dose, remède imparable contre la morosité et heureuse potion magique pour les amateurs des pistes de danse effervescentes…

Le grand maître Kim Ju Hong incarne l'excellence du Samul-Nori, cette tradition musicale coréenne de trés haut rang combinant les percussions ancestrales, le chant chamanique et un cortège de danses acrobatiques. Inspiré des antiques menestrels coréens, son ensemble tisse autour des incantations mystiques, un canevas percussif complexe traversé par le symbolisme oriental : le Jang-gu (percussion double) représente la pluie, le Buk (baril à double peaux) les nuages, le Jing (large gong) le vent et le Kkaewangwari (petit gong) le tonnerre. Tel un écho spectaculaire aux légendaires joutes du Noreum Machi où les meilleurs musiciens se mesuraient pour obtenir le privilège de clôre une cérémonie. Tel un sacre musical...

Le groove à fleur de peau et la verve accrocheuse, Natalie Pa’apa’a, chanteuse, guitariste et percussionniste, s’expose à la proue du vaisseau amiral Blue King Brown. Matinée de l’héritage des black-music, la jeune australienne insuffle des mélodies soul, reggae et afro avec un charisme détonnant. Epaulée par une section rythmique étincelante, la voix dégaine son flow à la pointe des combats pour la liberté d’expression dans le monde. Acteur de terrain et incendiaire en concert, elle signe l’émergence d’une scène urban-roots, native de l’hémisphère Sud et incandescente sur les planches. L’illustre Carlos Santana la désigne comme « la voix de la rue et le groupe du futur ! » Un compliment précieux autant qu’une promesse…

Artiste incontournable de l'Océan Indien, Christine Salem écrit depuis plus d'une décennie une page contemporaine du maloya, cette musique réunionnaise inscrite en 2009 par l'UNESCO au patrimoine immatériel de l'humanité. Habitée par la force mystique de ces transes ancestrales, l'envoûtante et vigoureuse chanteuse exhume de sa voix profonde les racines enfouies de son île, au carrefour de l'Afrique et du sous-continent indien. D'une richesse mélodique infinie, sa langue créole empruntant au malgache, au comorien et au swahili virevolte sur les rythmes ternaires les plus hypnotiques, atteignant les cîmes de l'authentique maloya. Une expérience extatique au coeur du mystère îlien...

Sous la houlette d’une escouade de Samuraï rassemblant Riccardo Tesi (Italie), Bruno Le Tron (France), Markku Lepistö (Finlande), Didier Laloy (Belgique) et David Munnely (Irlande), ce projet ambitieux retrace le parcours de l’accordéon diatonique au cours des 30 dernières années. L’instrument résonne ainsi sous toutes ses formes, se décline sous toutes ses identités et se colore de toutes les cultures. Un lien universel bien plus qu’une boîte à bouton… Leurs croisements provoquent alors une inventivité mélodique qui explore les atmosphères intimistes ou les envolées propices à la danse. Un authentique feu d’artifice en hommage à l’accordéon diatonique.

Depuis 1999, Istanbul Sazendeleri revigore le patrimoine classique oriental, alliant des pièces datant du Xème siècle à des créations contemporaines. Un grand écart rendu possible par la composition prestigieuse du groupe avec Göksel Baktagir au kanoun (emblématique de la musique classique ottomane), Yurdal Tokçan au oud, Selim Güler au kementché, Emrullah Sengüller au violoncelle et Bülent Elmas aux percussions. Avec un tel ensemble se met en route une épopée onirique joignant le jazz aux répertoires traditionnels, les envolées virtuoses aux motifs les plus expressifs, le lyrisme aux makams les plus élaborés. Un voyage aux sources de la musique orientale savamment rafraîchie par les courants tumultueux du Bosphore.

Initié et porté par les plus talentueux artistes de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grandes Comores, ce projet dessine avec finesse une cartographie sonore inédite de ce chapelet îlien de l’Océan Indien. Diho, Maalesh, Triongazi nourrissent de leurs voix enchanteresses un panorama musical à l'incroyable creuset harmonique et au foisonnement rythmique empruntant autant au chigoma, au M’godro, à la musique afro-arabe, qu’au folk ou au blues. Une symphonie métissée et mélodique qui lève le voile sur les brillants tenants de la création musicale de l’Afrique du Soleil Levant. Plongée intimiste dans les courants chauds de l’Archipel des Comores…

Porte-voix du Somaliland, pays du Nord-Est de la Somalie, auto-proclamé indépendant en 1991 mais non reconnu par la communauté internationale, Sahra Halgan porte en elle un destin fabuleux. Infirmière chanteuse auprès des combattants sur le front de la guerre d’indépendance, cette exilée ravive les traditions musicales somaliennes en les métissant avec les harmonies ouest-africaines. Ses chansons de nomades se parent du durban, percussion du Somaliland, pour épouser une voix gracile et intense évoquant tour à tour la guerre, la paix, la mort ou l’amour. Un coeur sensible qui ondoie en volutes vocales et perpétue avec modernité l’héritage précieux d’un peuple en lutte.

Installée dès le Moyen-Âge près des Stes Maries de la Mer en Camargue, la communauté gitane a longtemps nourri de son cante flamenco les fêtes calendales et pastorales de la tradition provençale. En explorant ces riches répertoires populaires, les Chants Sacrés Gitans en Provence révèlent l’extraordinaire entrelacs ancestral des musiques et des voix andalouses, catalanes, gitanes et provençales, patiné par des siècles d’expression vivante. Témoignant avec passion la ferveur de cet héritage, les voix de Tchoune, Renat Sette ou Gil Aniorte-Paz apprivoisent la guitare flamenca de Diego Lubrano et le baile gracieux de Sara Moha. Une visite sacrée et festive d’un patrimoine riche de ses identités à multiples facettes.

Artificier sonore, le multi-instrumentiste Fedayi Pacha embrase depuis 2003 l’electro-dub avec les musiques du Far-East, ralliant les contrées reculées de l’Inde aux rivages des Balkans sur son tapis volant aux mailles digitales. S’étirant avec langueur aux sons des instruments acoustiques patrimoniaux comme le saz, le doudouk, les tablas, le bendir ou la derbouka, ses plages atmosphériques gardent, comme un lointain écho aux dubs jamaïcain ou anglais, la puissance des rythmes électros pour faire étinceler de mille feux l’infini richesse de la musique orientale. Un elixir d’éthno-dub et d’ambient d’Orient aux vertus hypnotiques et aux parfums suaves. Envoûtant.